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Épidémiologie

Publié le 16 nov 2023Lecture 3 min

La coloscopie : une aide à la stratification du risque de cancer hépatobiliaire ?

Anne CHOUBERT, Toulouse

Le cancer colorectal et les cancers hépatobiliaires partagent des facteurs de risque communs mais il n'existe pas de programme de dépistage combiné pour ces pathologies. Les résultats récents d’une analyse rétrospective de coloscopies de dépistage suggèrent que la présence de polypes du côlon à haut risque est significativement associée à un risque accru de décès par cancer hépatobiliaire.

Le cancer colorectal et les cancers primaires hépatobiliaires sont respectivement les deuxièmes et troisièmes cancers les plus mortels au monde. À l’origine de l’émergence des carcinomes hépatocellulaires (CHC), des cholangiocarcinomes intrahépatiques (CCI) et des cancers de la vésicule biliaire (CVB) se trouvent des facteurs de risque tels que l’obésité, le tabac ou l’alcool, partagés avec ceux du cancer colorectal (CCR). Malgré le poids des cancers hépatobiliaires, les programmes de dépistage à l'échelle de la population n'ont jusqu'à présent été mis en œuvre que pour la détection et la prévention du CCR. Le dépistage du CCR pourrait-il être utilisé pour stratifier les patients à risque de cancer hépatobiliaire ? C’est ce que des scientifiques autrichiens ont cherché à démontrer en analysant rétrospectivement plus de 340 000 coloscopies de dépistage, réalisées entre 2007 et 2020, avec un âge médian de la cohorte de 59 ans. Trois cent vingt-trois décès par cancer hépatobiliaire ont été observés dans l'ensemble de la cohorte après un suivi médian de près de 6 ans. Ces décès ont été causés par un CHC, un CCI, un CVB ou un autre cancer hépatique primaire non spécifié, ce qui correspond à un taux de mortalité global dû aux cancers hépatobiliaires de 15 décès pour 100 000 personnes-années. L'objectif principal de cette analyse était d'évaluer si les patients présentant des polypes à haut risque, c'est-à-dire des polypes de plus de 10 mm, des adénomes avec dysplasie de haut grade, des polypes dentelés avec dysplasie, ou cinq adénomes ou plus, avaient un taux de mortalité par cancer hépatobiliaire plus important que les patients avec une coloscopie négative. Les résultats ont démontré que plus de 5 % des coloscopies de dépistage ont révélé des polypes à haut risque. L'incidence cumulée des décès par cancer hépatobiliaire était de 0,19 % à 6 ans et de 0,44 % à 12 ans dans le groupe des patients présentant des polypes à haut risque versus 0,07 % et 0,18 %, respectivement, dans le groupe des patients avec une coloscopie négative. La mortalité globale par cancer hépatobiliaire était plus de deux fois plus élevée chez les patients avec des polypes à haut risque que chez ceux avec une coloscopie négative (incidence cumulée, 0,39 % versus 0,17 %). Après ajustement en fonction de l'âge et du sexe, la présence de polypes à haut risque lors de la coloscopie de dépistage était significativement associée au décès par cancer hépatobiliaire (Risque relatif [RR] : 1,83). Les RR de décès par CHC et par cancer hépatobiliaire sans CHC étaient respectivement de 1,79 et de 1,88. Il n'y avait pas d'association significative entre les polypes à faible risque et le décès par cancer hépatobiliaire (Hazard Ratio [HR]: 1,23). En conclusion, les résultats de cette analyse rétrospective indiquent que la stratification du risque de cancer hépatobiliaire lors de la coloscopie pourrait aider à identifier les patients nécessitant une surveillance. Cependant, d'autres études sont nécessaires pour déterminer la rentabilité d’une surveillance ciblée de ces patients.

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