Publié le 08 jan 2025Lecture 3 min
Réactions aux masques chez les personnels de santé
Catherine FABER, d’après la communication de F. Giordano
Durant la pandémie de Covid-19, de nombreux cas de réactions cutanées aux masques chirurgicaux ou de protection respiratoire FFP2 (norme européenne) et KN95 (norme chinoise) ont été rapportés dans la population générale et chez les soignants. Cette mesure de prévention est impliquée dans l’induction ou l’aggravation de dermatoses faciales et dans la survenue de dermites de contact irritatives ou allergiques.
L'acné est l’une des deux dermatoses faciales induites ou aggravées par le port prolongé du masque (plus de 4 heures par jour). Décrit sous le terme de maskne, ce phénomène semble résulter de modifications du microbiote cutané et de la production de sébum sous l’effet de l’occlusion et de la chaleur. Trois facteurs de risque ont été mis en cause, à savoir le sexe féminin, un âge entre 21 ans et 30 ans, et l’existence d’antécédents familiaux d’acné. Les porteurs de masques de protection respiratoire sont les plus à risque, car l’humidité, l’occlusion et la température cutanée sont plus élevées avec ce type de masque qu’avec les masques chirurgicaux. Quelques solutions ont été proposées pour diminuer le maskne : retirer le masque pendant 15 minutes toutes les 2 à 3 heures d’utilisation ; ne pas mettre de maquillage ; utiliser une crème hydratante légère non comédogène et un nettoyant adapté aux peaux acnéiques. La seconde de cette catégorie de dermatoses est la rosacée dont on sait qu’elle touche généralement les zones convexes du visage, au-delà de celle couverte par les masques. Des éruptions de type rosacée limitées à la zone du masque ainsi que des poussées de rosacée ont été signalées chez les porteurs de masque(1). Les hypothèses étiopathogéniques sont les mêmes que pour l’acné.
Les dermites de contact irritatives (DCI) concernent également les utilisateurs prolongés de masques (plus de 6 heures par jour). Elles se manifestent par une éruption localisée au niveau des zones de pression que sont les joues, l’arrête nasale et les oreilles. Celle-ci tend à s’améliorer avec des pauses régulières du masque et l’application de crème hydratante. Recouvrir les bords du masque avec un pansement en silicone permettrait de diminuer la pression dans les zones convexes du visage et, ainsi, de réduire les lésions cutanées(2). Des auteurs ont rapporté un cas d’une forme particulière de DCI dite « mask vitiligo » chez une patiente sans antécédent personnel ou familial de vitiligo(3). Ce vitiligo facial limité aux zones en contact avec le masque est probablement dû à un phénomène de Köbner. Par ailleurs, de nombreux allergènes ont été incriminés dans des cas de dermites de contact allergiques provoquées par le port de masques. Il s’agit majoritairement d’eczémas de contact. Les allergènes les plus fréquemment décrits sont les métaux, essentiellement le nickel qui est présent dans les barrettes des masques, parfois associé au cobalt. Les ions métalliques ne sont pas en contact direct avec la peau, mais ils peuvent l’atteindre en cas de port prolongé du masque et la sudation favorise leur pénétration transcutanée. Les accélérateurs de caoutchouc sont aussi à l’origine d’eczémas de contact aux bandes élastiques des masques, en particulier des FFP2(4). Les masques peuvent contenir d’autres allergènes comme le formaldéhyde libéré par l’emballage du produit ou provenant de la dégradation du polypropylène (PP) lors de leur fabrication. Enfin, la littérature fait état de quelques cas d’eczéma de contact dans lesquels d’autres allergènes des masques sont incriminés, comme le bronopol, un libérateur de formaldéhyde (présent avec le formaldéhyde dans un masque chirurgical en PP)(5), le méthyldibromoglutaronitrile, un additif des plastiques (dans les masques chirurgicaux, FFP2 et KN95), et les isocyanates contenus dans la bande mousse d’un masque KN95(7). Dans cette dernière observation, l’eczéma a guéri après l’arrêt de l’utilisation du masque et son remplacement par des masques sans partie en mousse.
D’après la communication de F. Giordano, Toulouse.
GERDA 2024.
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