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Diabétologie

Publié le 23 sep 2024Lecture 3 min

Les émulsifiants alimentaires exposent-ils à un risque accru de diabète de type 2 ?

Jean-Louis SCHLIENGER, Strasbourg

La traque aux causes du diabète de type 2 va bon train et l’alimentation de ce temps est en bonne place au banc des accusés. Une association entre les maladies chroniques et les aliments ultra-transformés (AUT) qui constituent une part croissante de la ration énergétique a été décrite par de nombreuses études observationnelles.

L’étude de cohorte française NutriNet Santé qui s’attache depuis 2009 à décrypter les relations subtiles entre nutrition et santé avait pointé une association entre la consommation d’AUT et un risque élevé de DT2. Sur sa lancée, elle s’est intéressée aux effets potentiellement délétères des émulsifiants, additifs omniprésents dans les AUT. La consommation détaillée et auto-déclarée par les participants au fil du temps , l’accès à de multiples bases de composition des aliments,  le recours à des tests de laboratoire ad-hoc et des appariements dynamiques pour tenir compte des reformulations des aliments industriels ont permis la qualification et la quantification de l’exposition aux émulsifiants. Un diagnostic de DT2 a été posé chez 1 056 des 104 139 participants au cours du suivi d’une durée moyenne de 6,8 ± 3,7 ans. Il existait un lien entre la consommation d’aliments contenant des émulsifiants et le DT2. La consommation des émulsifiants suivants était positivement associée au risque de développer un DT2 en fonction de la dose (exprimée en ipar jour) : carraghénanes totaux,  gomme de carraghénanes,  phosphate tripotassique,  esters d'acide acétyl-tartrique de monoglycérides et diglycérides d'acides gras, citrate de sodium, gomme de guar, gomme arabique et gomme xanthane (tableau et figure). L'association a montré une tendance linéaire croissante qui plafonne pour des apports très élevés. Toutes les associations significatives observées dans les analyses principales et dans les analyses de sensibilité étaient concordantes, indiquant la robustesse des résultats, et écartaient un risque élevé d'associations significatives aléatoires. Cette étude de cohorte prospective menée à grande échelle auprès d'adultes français a mis en évidence des associations positives entre la consommation de certains émulsifiants et le risque de DT2. Les points forts de cette étude résident dans sa conception prospective, la grande taille de l'échantillon et l'évaluation méticuleuse des expositions alimentaires. Ses limites sont inhérentes à la nature observationnelle et au recueil des données par auto-déclaration. Malgré d'importants ajustements pour tenir compte des variables confondantes, cette étude épidémiologique observationnelle n'est pas suffisante en soi pour établir la causalité et en appelle bien sûr d’autres. Toutefois, elle est confortée par un rationnel théorique puisque plusieurs études expérimentales avaient suggéré que des émulsifiants pouvaient favoriser la dysbiose du microbiote intestinal, l’inflammation de bas grade et diverses perturbations métaboliques. Du fait de l’omniprésence des additifs dans les AUT, ces résultats incitent à réévaluer la réglementation de l'utilisation des émulsifiants qui repose sur des critères de cytotoxicité et de génotoxicité sans tenir compte des données épidémiologiques et des nouveaux acquis de la science. Dans l’attente d’une prise de position par les autorités de santé, il apparait souhaitable de réduire à l’échelle individuelle la consommation des aliments ultra-transformés.   Tableau. Émulsifiants et risque de DT2 : hazard ratio significatifs par incrément journalier. Figure. Association entre les émulsifiants et le risque de DT2.

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