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VACCINATION

Publié le 21 oct 2024Lecture 3 min

Le vaccin recombinant contre le zona pourrait diminuer l’incidence des démences : un intérêt tout particulier pour les personnes diabétiques

Bernard BAUDUCEAU, Saint-Mandé

Le virus varicelle-zona est un virus herpès responsable de la varicelle et du zona, deux infections d’une très grande fréquence. En particulier, l’incidence du zona augmente avec l’âge et la présence de comorbidités dont le diabète avec une majoration du risque d’environ 25 %. Ainsi, une personne sur 3 fera un zona au cours de sa vie et l’on dénombre chaque année 230 000 nouveaux cas. En raison du risque des conséquences délétères du zona, neuropathie post-zostériennes et localisation ophtalmique, la vaccination est désormais recommandée dans de nombreux pays et notamment en France pour les personnes âgées.

Des études récentes ont suscité un intérêt évident quant à l’effet protecteur possible de la vaccination contre le zona envers les démences. Cependant, la plupart de ces enquêtes ont comparé des cohortes vaccinées et non vaccinées ce qui induit un risque important de biais puisque les personnes en bonne santé sont plus disposées à se vacciner. Cette étude menée aux États-Unis est fondée sur des dossiers de santé électroniques exploitant la période de l'adoption rapide du vaccin recombinant et l'abandon concomitant du vaccin vivant en octobre 2017. Les deux vaccins contre le zona étaient associés à un risque de démence plus faible par rapport aux vaccins contre la grippe et les tétanos-diphtérie-coqueluche.  En comparant l’incidence des démences chez les participants qui ont reçu un vaccin contre le zona avant et après ce changement radical, une estimation précise a pu être faite entre l’exposition au vaccin recombinant et l’incidence ultérieure du diagnostic de démence en utilisant un score de propension. Au total, 103 837 personnes ont reçu leur première dose entre octobre 2014 et septembre 2017 (98 % ont reçu le vaccin vivant avec un suivi médian de 6 ans). Une cohorte de taille identique comportant 103 837 personnes a reçu la première dose de vaccin contre le zona entre novembre 2017 et octobre 2020 (95 % ont reçu le vaccin recombinant avec un suivi médian 4,15 ans). Comme cela était attendu, les personnes vaccinées après octobre 2017 étaient moins susceptibles de présenter une infection par le zona dans les 6 années suivant la vaccination confirmant les résultats des autres études qui ont démontré la supériorité du vaccin recombinant (HR 0,65 ; IC95% 0,61-0,69 ; p < 0,0001). Les participants du groupe ayant reçu le vaccin recombinant présentaient également un risque plus faible de développer une démence au cours des 6 années suivantes (HR 0,83 ; IC95% 0,80-0,87 ; p < 0,0001) par rapport aux personnes qui avaient reçu le vaccin vivant. Ce résultat se traduit par une durée de vie sans diagnostic de démence plus longue de 17 %, soit 164 jours supplémentaires (IC95% 124-202). Cet effet positif sur les démences a été constaté dans toutes les formes de démence, à l'exception des démences fronto-temporales et à corps de Lewy. Le bénéfice du vaccin recombinant sur les démences a été constaté quel que soit le genre mais l'effet était plus important chez les femmes (22 % versus 13 % de durée de vie supplémentaire sans diagnostic de démence p = 0,017). Toutefois, l’observation prolongée de l’incidence des démences montre un rapprochement des courbes ce qui pourrait signifier que le vaccin recombinant retarde, plutôt qu’il n’évite, l’apparition des démences. Les mécanismes par lesquels le vaccin contre le zona limiterait l’incidence des démences restent flous. Ces vaccins protègent contre l’infection herpétique qui peut être responsable de démence, les immunostimulants du vaccin recombinant et l’effet favorable sur les accidents vasculaires notamment les AVC pourraient contribuer à cet effet protecteur. Cette étude observationnelle présente plusieurs limites en plus de celles inhérentes aux études basées sur les données du dossier de santé électronique si bien que la causalité ne peut être formellement démontrée. Toutefois, ces données justifient la réalisation d’un essai contrôlé randomisé visant à confirmer les résultats et à éclairer la future analyse coût-efficacité du vaccin recombinant. Quoi qu’il en soit, ces résultats apportent un argument de plus en faveur du vaccin recombinant ajouté à la protection du zona et de ses complications et au fait qu’il puisse être administré aux personnes immunodéprimées. L’indication de ce vaccin est donc particulièrement pertinente chez les personnes vivant avec un diabète.

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