Publié le 24 avr 2025Lecture 4 min
Seule la consommation de chocolat noir est associée à une diminution du risque de diabète de type 2
Jean-Louis SCHLIENGER, Strasbourg

Des vertus thérapeutiques ont été attribuées au chocolat depuis son arrivée en Europe en 1519 dans les bagages du chef des forces expéditionnaires espagnoles, Hernando Cortez. L’intérêt porté au chocolat par les médecins n’a jamais faibli et a été conforté récemment par quelques études observationnelles de qualité inégale vantant l’intérêt de sa consommation dans la prévention cardio-métaboliques(1).
Liu B et al. Chocolate intake and risk of type 2 diabetes: prospective cohort studies. BMJ 2024 ; 387 : e078386.
La très sérieuse équipe de la Medical School of Public Health de Harvard vient de se lancer dans une nouvelle évaluation prospective des bienfaits du chocolat sur le risque du DT2 en explorant les associations entre la consommation de chocolat noir ou au lait et le risque de DT2 dans trois célèbres cohortes américaines prospectives , la Nurse’s Health Study I (NHS 1986-2018), la NHS II (1991-2021) et la Health Professionals Follow-Up Study (HPFS 1986-2020) qui comportaient une enquête alimentaire de fréquence semi-quantitative effectuée périodiquement . Au total, 192 208 participants indemnes de DT2, de maladie cardiovasculaire ou de cancer ont été inclus et l’évaluation du risque de DT2 a pu être effectuée chez 111 654 sujets. Le critère de jugement principal était la survenue d’un DT2 auto-déclaré confirmé par un questionnaire validé. La régression à risques proportionnels de Cox a été utilisée pour estimer les rapports de risque de DT2 en fonction de la consommation de chocolat noir ou au lait. Le recours aux splines cubiques restreintes a permis de modéliser l'association dose-réponse potentielle entre la consommation de chocolat total, noir et au lait et le risque de DT2. Au terme d’un suivi de près de 30 ans 18 862 cas de DT2 incident ont été recensés au cours de 4 829 175 années-personnes de suivi. Après ajustement sur les facteurs de risque personnels, liés au mode de vie et à l'alimentation, il est apparu que les sujets consommant régulièrement du chocolat de tout type présentaient une diminution du risque de DT2 de l’ordre de 10 % (IC95% 2 à 17 % ; p = 0,07) par rapport aux sujets qui en consommaient rarement.
Une analyse par sous-types de chocolat a été effectuée chez 4 771 personnes atteintes de DT2 incident. Les sujets qui consommaient ≥ 5 portions/semaine de chocolat noir avaient un risque de DT2 réduit de 21 % (5 % à 34 % ; p = 0,006) alors que chez les amateurs de chocolat au lait le rapport de risque ajusté multivarié était de 0,94 0,79 à 1,12 ; p = 0,75), en comparant les groupes de consommation extrême. Il existait une relation dose-réponse linéaire entre la consommation de chocolat noir et le risque de DT 2 (p de linéarité = 0,003), assortie d’une réduction de 3 % pour la consommation de chaque portion/semaine de chocolat noir (figure). En dépit d’une hétérogénéité significative entre les 3 cohortes, la tendance était la même dans chacune. L’association la plus significative a été observée dans l’étude HPFS ne comportant que des hommes où la consommation de ≥ 5 portions/semaine de chocolat noir était assortie d’une réduction du risque de DT2 de 51 % (8 % à 74 %) par rapport aux non-consommateurs. L'ajustement sur le tour de taille a renforcé l'association entre le chocolat noir et le risque de DT2 ; l’ajustement sur des aliments et boissons spécifiques riches en catéchines (comme le chocolat noir) n’a pas modifié les résultats. Seule la consommation de chocolat au lait était associée une prise de poids alors que son apport calorique est proche de celui du chocolat noir.
De ces résultats robustes on retiendra que la consommation d’au moins 5 portions par semaine de chocolat noir est associée à une réduction notable du risque de DT2 selon une relation linéaire indépendamment des autres facteurs de risque de diabète. Par rapport aux autres études disponibles, ces résultats mettent l’accent sur l’avantage qu’il y a à consommer du chocolat noir et non du chocolat au lait en termes de diminution du risque de DT2 et de prise de poids. La différence tient vraisemblablement à la forte teneur en cacao (5 x plus que dans le chocolat au lait) riche en composés phytochimiques bioactifs (polyphénols de type flavonoïdes ou catéchines). Le chocolat blanc est par nature disqualifié puisqu’il ne contient pas de cacao et est riche en graisses et en sucre. Ces données publiées comme par un fait exprès peu avant Noël ne manqueront pas déculpabiliser chocolâtres, cacaophiles et autres chocolatomanes qui, en consommateurs avertis, privilégient le chocolat noir.
Figure. Seule la consommation de chocolat noir est associée à une réduction du risque de DT2 selon une courbe dose-réponse.
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :